Les séjours du Roi exilé Louis XVIII en Lettonie
Aujourd’hui, pour rappeler que le Souvenir Français à l’étranger est l’association de la mémoire en général, donc pas seulement militaire, le présent bulletin est axé sur les deux séjours du Roi exilé Louis XVIII à Mitau, aujourd’hui Jelgava. Vous verrez enfin le point de situation des actions passées, faites surtout de contacts, et celui des projets à venir.
Gilles Dutertre
3/20/20245 min lire


Château de Mitau / Jelgava
Le roi séjourna à deux reprises en Lettonie
Louis XVIII à Mitau
Lorsqu’on demande à des Lettons de citer des Français qui soient venus en Lettonie (au sens large), ils parlent le plus souvent de Louis XVIII. Le comte de Provence, futur roi de France Louis XVIII, SDF royal pendant la Révolution et l’Empire, a en effet séjourné en Courlande à deux reprises, du 29 mars 1798 au 22 janvier 1801, et du 24 août 1804 au 3 septembre 1807.


Lors du premier séjour, le tsar Paul 1er se dit honoré de l'accueillir au château de Mitau (aujourd’hui Ecole d’agriculture de Jelgava), sans doute en souvenir de la réception somptueuse qui lui avait été faite à Versailles en 1782. Louis arriva à Mitau le 29 mars 1798. Paul 1er envoya tout d'abord 100 000 roubles à Louis XVIII pour que celui-ci puisse régler ses dettes. Puis il lui octroya une rente annuelle de 200 000 roubles et prit sur lui d'assumer les frais d'entretien des hommes de garde.
Afin de renforcer la cohésion familiale et de souligner ses prétentions au trône des Bourbons, Louis organisa le mariage de Louis-Antoine duc d’Angoulême, le fils aîné de son frère le duc d'Artois (futur Charles X), avec sa cousine Marie-Thérèse-Charlotte, la fille orpheline de Louis XVI et Marie-Antoinette. La cérémonie de mariage fut célébrée par le cardinal Louis-Joseph de Montmorency-Laval, grand-aumônier de France, assisté de l’abbé Edgeworth, dernier confesseur de Louis XVI sur l’échafaud. Elle eut lieu le 10 juin 1799 dans une grande salle du château de Mitau.
Louis XVIII couronnant la rosière de Mitau


Paul 1er, commençant à s’enthousiasmer pour les victoires de Bonaparte face aux Autrichiens, trouva toutefois un prétexte pour chasser Louis XVIII de Mitau le 20 janvier 1801. La faute de cette expulsion revint au duc d'Avaray, confident de Louis XVIII, un homme sûr de lui, volontaire et industrieux, mais qui se laissait parfois aller à des intempérances de langage. En l’occurrence, il avait tenu des propos méprisants sur le tsar Paul 1er, lequel était d'ailleurs effectivement mégalomane, incapable de contrôler ses plus folles impulsions, et trouvait autant de satisfaction à châtier qu'à récompenser sans motif ! Louis XVIII et sa suite trouvèrent refuge à Varsovie, à cette époque territoire prussien, de mars 1801 à juillet 1804. Finalement exaspéré par ces Français turbulents, le roi de Prusse les expulsa à son tour.
Le deuxième séjour de Louis XVIII commença chez le baron et la baronne Andreas von Königsfels, à Blankenfeld (aujourd’hui au sud de la Lettonie, à la frontière lituanienne) où il passa près de trois semaines (24 août – 12 septembre 1804) avant de rencontrer à Kalmar, en Suède, en octobre 1804, son frère le comte d'Artois qu'il n'avait pas vu depuis près de douze ans. Ils se quittèrent après dix-sept jours de conférences, assez mécontents l'un de l'autre.
Le nouveau tsar, Alexandre 1er, qui avait succédé à son père Paul 1er assassiné le 24 mars 1801, ayant donné une suite favorable à sa demande, le roi et sa Cour retrouvèrent Mitau. Pendant l'absence de Louis XVIII, le palais avait été abandonné et pillé, et la pension de 200 000 roubles accordée par le tsar n'était a priori pas payée régulièrement Le tsar Alexandre 1er s'y arrêtera d'ailleurs fin mai 1807, avant la rencontre de Tilsit avec Napoléon.
Il aurait dit de Louis XVIII : « C'est l'homme le plus nul et le plus insignifiant d'Europe » !


En raison de l'extension de l'Empire français et de l'accroissement des pouvoirs de la police napoléonienne, Louis était de plus en plus coupé de la France. De plus, en juin 1807, il n'était plus qu'à 300 km des troupes de Napoléon qui étaient en Prusse Orientale. On se rappelle que, le 25 juin 1807, eut lieu à Tilsit, au milieu du Niémen, la rencontre des empereurs Napoléon 1er et Alexandre 1er. C’est cette fois de lui-même que Louis XVIII décida alors de quitter Mitau pour l'Angleterre.
Le 3 septembre 1807, il embarqua au port de Liebau (Liepaja), sur la côte de Courlande, sur le bateau suédois le « Troya ». Après de terribles tempêtes dans la Baltique qui faillirent le jeter sur le littoral aux mains de Napoléon, il arriva enfin le 29 octobre à Yarmouth.
Louis XVIII séjourna en Angleterre de 1807 à 1814, et seule la chute de Napoléon 1er, enrayée par les Cent-Jours (20 mars – 22 juin 1815), permettra la restauration de la monarchie bourbonienne. Il tentera de mener une politique modérée. Mais devenu infirme, il laissa peu à peu son frère le duc d'Artois, futur Charles X, plus « ultra », prendre le pouvoir. Louis XVIII mourut à Paris le 16 septembre 1824.
Le Souvenir Français
A l’étranger, le Souvenir Français est l’association de la mémoire française, donc pas uniquement militaire. On ne peut donc que se chagriner que le double séjour de Louis XVIII au château de Mitau /Jelgava ne soit quasiment pas évoqué in situ.
La seule marque est une plaque (cf. ci-dessous) qui signale ses séjours au même titre que les passages des tsars Paul 1er et Alexandre 1er. A noter que, depuis que cette photo a été prise, une association française, l’Institut de la Maison de Bourbon, a apposé ses propres plaques à la mémoire de Louis XVIII et de l’abbé Edgeworth en 2019.
De même, le séjour temporaire au manoir de Blankenfeld n’est évoqué que d’une phrase sur le site internet de ce qui est devenu un hôtel : « En 1804 et 1805 (sic), le roi français Louis XVIII et son entourage ont également séjourné dans le manoir »
Le Souvenir Français et l’Institut Français envisagent de mettre plus en valeur ces deux séjours, sous une forme qui reste à déterminer.




« Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir »
- Maréchal Ferdinand Foch
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