Le capitaine de Vaisseau Jean Joseph Brisson et la bataille de Riga
J.J. Brisson fut commandant de la division navale de la Baltique en 1919. (1868-1957)
LVHISTOIRE
Gilles Dutertre
4/29/20244 min lire


Le 18 novembre 1918, le Conseil national de Lettonie (Tautas Padome), institution législative provisoire, proclama la Lettonie « État libre et indépendant ». Mais, en dépit de la présence des troupes allemandes, les Soviétiques attaquèrent l’Estonie dès le 28 novembre 1918 puis envahirent la Lettonie le 1er décembre 1918, s’emparant de Daugavpils le jour même et de Riga le 3 janvier 1919. Au 31 janvier 1919, tout le pays était occupé par l’Armée rouge à l’exception de Libau/Liepāja et du sud-ouest de la Courlande.
Dans les années 1919 – 1920, la politique française dans la région baltique était relativement floue. Comme les autres Alliés, Georges Clemenceau, président du Conseil des Ministres et ministre de la Guerre, pariait sur une défaite des Bolcheviques face aux armées russes blanches. Dans l’effort de reconstruction qui, inévitablement, suivrait, Clemenceau ne voyait pas l’utilité de couper la Russie de ses « provinces baltes ».
Des officiers français vont toutefois avoir une action réellement déterminante lors de la guerre d’indépendance lettone. Il s’agit du lieutenant-colonel du Parquet, chef de la Mission Militaire Française en Lettonie (mai 1919 – juillet 1920), du capitaine de vaisseau Brisson, commandant la flotte alliée devant Riga en octobre 1919, du général Niessel, président de la Commission interalliée des Pays Baltiques, grâce à qui les Allemands évacueront les Pays baltes (novembre – décembre 1919), sans oublier le général Janin qui, depuis la Sibérie, organisera le retour dans leur pays des tirailleurs lettons « blancs » (juin 1920).
Nous parlerons aujourd’hui du Capitaine de Vaisseau Jean-Joseph Brisson.
Le 1er juin 1919, le Conseil Suprême avait donné l’ordre aux Allemands d’évacuer les Pays Baltiques. Le lieutenant-général britannique Sir Hubert Gough avait été chargé, en liaison avec les missions alliées, d’assurer leur départ. Le 3 juillet 1919, un armistice avait été signé avec le Général von der Goltz et les Allemands évacuèrent Riga. Le 24 août commença l’évacuation de la Courlande.
Or, un aventurier qui se faisait appeler d’abord colonel Bermondt, puis prince Avalov, prit le commandement des Russes blancs demeurés en Lettonie. Il proposa à von der Goltz d’incorporer à ces éléments, appelés « Armée russe de l’ouest », toutes les troupes allemandes stationnées en Courlande, lesquelles deviendraient ipso facto …… russes ! Von der Goltz, trop heureux de cette proposition inespérée, rentra à Berlin, se fit relever de ses fonctions et revint en Courlande à titre privé en tant que consultant à l’Armée russe de l’ouest !
Ces Germano-russes attaquèrent Riga le 8 octobre 1919 à 18h avec 15 000 hommes. Le 10 octobre matin, ils atteignirent partout les rives sud de la Daugava. Pris sous le feu, les navires français et britanniques durent rejoindre l'embouchure du fleuve. Dans la nuit du 12 au 13 octobre, le Capitaine de Vaisseau Brisson arriva sur l'aviso « Mécanicien Principal Lestin » ; le Captain Curtis de la Royal Navy se plaça sous ses ordres bien que, formellement, les forces navales françaises et britanniques ne soient pas placées sous commandement unique. Elles coopérèrent toutefois efficacement. (NB : Captain = Capitaine de Vaisseau = Colonel)
Le 13 octobre, devant la menace germano-russe sur la flotte alliée, un télégramme fut envoyé à l’amiral Cowan, commandant l’escadre de la Baltique, retenu dans le Golfe de Finlande. Celui-ci envoya un ultimatum à Bermondt-Avalov, lui ordonnant d’évacuer Dünamünde (Daugavgrīva) avant le 15 octobre à midi. Bermondt répondit qu’il n’avait personne à Dünamünde, alors que, dans la journée du 14, le feu avait encore été ouvert depuis Bolderāja sur une chaloupe anglaise sur la Daugava.
Le 15 octobre, à l’expiration de l’ultimatum, dès 12h15, les germano-russes n'ayant donné aucun signe d'évacuation du fort, le Capitaine de Vaisseau Brisson ordonna de sa propre autorité aux navires alliés de tirer sur les positions germano-russes de Dünamünde. Une seule demi-heure de bombardement suffit à obtenir l'effet désiré. L’enthousiasme revint dans la population et chez les militaires lettons. Profitant du feu des navires alliés, un bataillon letton traversa la Daugava et occupa sans coup férir dès 15h30 Dünamünde et Bolderāja.
Le 17 octobre à 17h25, le croiseur cuirassé britannique « HMS Dragon » fut touché par deux obus qui tombèrent au milieu d’une équipe de servants d’un canon de 6 pouces et qui entraînèrent la mort de 9 hommes d’équipage et en blessèrent 4. Tous les ans, une cérémonie, réunissant marines britannique, lettone et française, a lieu au mémorial de Bolderāja, à proximité de l’endroit où le HMS Dragon a été touché.
A partir de l’intervention de la flotte alliée, la progression de l’Armée lettone fut certes lente mais continue. Bauska fut prise le 16 novembre 1919 avec un matériel considérable et Mitau / Jelgava le 21 novembre. D’après le lieutenant-colonel du Parquet, « …la cause déterminante de l’élévation à son plus haut point du moral des troupes lettones en ces journées critiques, fut l’intervention si opportune des flottes alliées… » commandées par le capitaine de vaisseau Brisson.
La plaque à la mémoire du Capitain de Vaisseau Brisson se trouve sur le mur du château de Riga


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