La Bataille de Daugavpils
Cet article sera principalement consacré à la bataille de Daugavpils et notamment aux combats des 27 et 28 septembre 1919 au cours desquels s’est illustrée la 2e Compagnie du 1er Régiment de Chars polonais, compagnie entièrement équipée de chars Renault FT, commandée par le Capitaine Jean-Louis Dufour, et dont plus de la moitié des personnels étaient français.
LVHISTOIRE
Gilles Dutertre
2/21/20244 min lire


La Bataille de Daugavpils
Déroulement
La bataille de Daugavpils s’est déroulée en deux temps : les 27-28 septembre 1919 et le 3 janvier 1920. Elle a opposé, d’une part les Polonais et les Lettons, d’autre part les bolcheviques. Le groupe opérationnel polonais du général Rydz-Śmigły comportait dans ses rangs le 1er Régiment de chars, formé en France (Armée Haller), équipé de 120 chars Renault FT et dont plus de 50 % des personnels jusqu’en octobre 1919 étaient français, à commencer par le Chef de Corps, le Lieutenant-colonel Jules Maré.


Char Renault FT du 1er Régiment de Chars Polonais à Bobruysk
Mars 1919
La formation du 1er Régiment de Chars Polonais
Le 8 mars 1919, le 505ème Régiment d’Artillerie Spéciale [1] fut désigné pour former 5 compagnies de chars blindés polonaises, à 24 chars FT chacune.
Du 13 au 27 mars, le 505ème RAS fit mouvement par voie ferrée vers le camp de Martigny-les-Bains (Vosges) et toutes les dispositions furent prises pour la formation et l’instruction des unités polonaises.
Au 1er mai 1919, les officiers et hommes de troupe français volontaires pour l’Armée polonaise furent rayés des contrôles du corps et affectés au dépôt pour former l’ossature du 1er Régiment de Chars polonais. Équipé par la France de 120 chars FT, transporté par train en Pologne entre le 1er et le 16 juin 1919, le 1er Régiment comptait à son arrivée 34 officiers et 354 sous-officiers et hommes du rang français, et 11 officiers et 442 sous-officiers et hommes du rang polonais. Son chef de corps était le lieutenant-colonel Jules Maré, l’ancien chef de corps du 505ème RAS. Sur les 120 chars, 72 étaient armés du canon Puteaux de 37 mm SA-18 L/21 et 48 étaient armés de la mitrailleuse Hotchkiss Mle 1914 de 8 mm.
[1] L’appellation AS (Artillerie Spéciale) est supprimée le 21 mars 1919 et est remplacée par l’appellation Chars Blindés. Le Régiment devient donc 505ème RCB - Régiment de Chars Blindés (référence JMO du 2 mars au 21 mai 1919)
On notera que le 17 juin, jour de l’arrivée du 1er Régiment de Chars polonais dans sa garnison de Łódź, a été institué journée polonaise des blindés !
C’est la 2ème Compagnie du 1er Bataillon, équipée de 24 chars, qui entra la première en action, le 28 août 1919, contre les forces bolcheviques défendant Bobruysk[2], en appui du 58ème Régiment d’Infanterie polonais (14e Wielkopolska Division). La compagnie était commandée par le capitaine Jean Louis Dufour et tous ses officiers étaient français, mais ce fait d’armes fut toutefois considéré comme le premier affrontement de chars polonais.
[2] Aujourd’hui au Bélarus
Août 1919
La première bataille de Daugavpils
Fin août 1919, les forces polonaises lancent une attaque sur Daugavpils qui était tenue par des unités de l’Armée Rouge commandées par le communiste letton Daumanis, unités parmi lesquelles il y avait le 2e Régiment de fusiliers rouges lettons. Ceux-ci et la Brigade soviétique estonienne empêchent les Polonais de franchir la Daugava en tenant Griva et les fortifications de la tête de pont sud. Une bataille de position de 3 semaines s’installa alors.
Dans la nuit du 26 au 27 septembre 1919, 20 chars et 14 autres véhicules ont été déchargés du train à Laucese, et ont pris position le 27 matin entre Laucese et Griva. L’attaque a commencé à 14H, mais elle a été limitée car le ravitaillement en carburant n’avait pas eu le temps d’arriver (les chars avaient dans leurs réservoirs entre 30 et 40 litres d’essence, ce qui leur permettait de se déplacer sur 8 à 9 km !). Là encore, les Rouges, en voyant les chars, ont cru que c’étaient des cuisines de campagne modifiées …….. Dans l’action, le Lieutenant Galtier et l’Aspirant Perret ont été blessés. Les Polonais n’ont pas pu toutefois s’emparer des fortifications de l’avant-pont en raison de lourdes pertes. Les chars auraient combattu pendant 14 heures.
Le 28 septembre, ce sont dix chars qui ont été engagés pour s’emparer du fort qui défendait l’entrée du pont ferroviaire. Cette fois, l’attaque a réussi et les défenseurs rouges qui tentaient de s’enfuir sur des embarcations ont été tirés par les chars, tirs réglés par des officiers français. Le pont fut détruit par les sapeurs polonais. Ce succès est indubitablement dû aux chars français qui ont eu une action déterminante en chassant les occupants de la rive gauche de la Daugava, ce qui a permis aux Polonais de préparer l’offensive d’hiver.
Au cours des combats, la 2ème Compagnie de Chars a perdu un tué (caporal polonais Breszczyk), quatre blessés et deux chars, en raison des tirs d’artillerie soviétiques. Le lieutenant français Galtier, chef du 3ème peloton, ayant été blessé, c’est le lieutenant polonais Jasinski qui prit le commandement du peloton et ce sera donc la première action d’une unité de chars commandée par un officier polonais. Il n’y a, a priori, pas eu de mort français.
La plupart des personnels français vont rentrer en France à l’automne 1919, quelques officiers restant comme conseillers.
Janvier 1920
La deuxième bataille de Daugavpils
Le 3 janvier 1920, la 3ème Division polonaise traversa la Daugava gelée (il faisait – 25° et il y avait 1 mètre de neige) et attaqua la forteresse de Daugavpils. Dans le même temps, la 1ère Division attaqua par le nord. Les combats furent difficiles, mais la ville fut rapidement conquise. Malheureusement, la glace se brisa sous le poids des canons d’artillerie, ce qui entraîna d’importantes pertes polonaises. Les défenseurs bolcheviques (et parmi eux des tirailleurs lettons rouges) se retirèrent de Daugavpils vers l'ouest et se rendirent aux troupes lettones qui étaient postées à l’ouest de la ville. Les Polonais auront environ 3 000 tués, blessés et disparus, la principale raison de ces pertes étant une préparation insuffisante pour se battre en hiver.
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