Communiqué Convoi 73
Cet article est issu de la lettre d'information de l'Association "Les Familles et Amis des Déportés du Convoi 73"
LTCOMMÉMORATIONCONVOI73
Les Familles et Amis des Déportés du Convoi 73
9/12/20247 min lire
Cette année, nous nous étions réunis pour commémorer le départ de nos déportés par ce Convoi 73, convoi qui a bien des égards fut une exception. Notre présence très nombreuse, ce 26 mai dernier, à l’occasion de ce 80e anniversaire, montre combien il est important de toujours nous rassembler.
Chaque année, notre intention est désormais de mettre à l’honneur l’histoire de l’une des familles de l’association, pour toujours se souvenir qu’au-delà des chiffres ce sont des vies humaines qui ont été anéanties, des familles traumatisées à jamais. Nous avons choisi cette année de donner la parole à Jacqueline Beberac pour écouter son témoignage.
Après les commémorations à Drancy et Bobigny, nous nous sommes retrouvés pour un sympathique déjeuner qui s’est poursuivi par notre Assemblée Générale annuelle, dont nous rendons compte ici.
Dans ce numéro de Notre Lien, nous traduirons également toutes les émotions, tous les recueillements, et les moments de pensées que nous avons ressentis lors de ce voyage de la Mémoire, du 13 au 17 mai, effectué dans les pays baltes, à la date exacte des 80 ans du départ de nos parents, le 15 mai 1944.
Malheureusement, nous avons appris la disparition ce 20 mai, de notre dernier survivant, Henri Zajdenwergier. En deuxième partie de ce numéro de Notre Lien, nous lui consacrons un numéro spécial.
Commémoration du départ du Convoi 73
PROCHAINE RÉUNION ANNUELLE DE RECUEILLEMENT
AU CIMETIÈRE DU PÈRE-LACHAISE. Jeudi 10 octobre 2024 à 11 heures
Comme les années précédentes, nous nous réunirons entre
les fêtes juives de Rosh Hashana et de Yom Kippour, afin de nous souvenir et rendre hommage à nos chers disparus, partis il y a 80 ans, par le Convoi 73 dans les pays baltes, et pour la première fois, il n’y aura plus de témoins de ce tragique convoi.
Cette année, l’année juive commence assez tard, en octobre, nous nous retrouverons le 10 octobre prochain à 11 h, devant la stèle, sur laquelle sont reproduits les mots « Nous sommes 900 Français », gravés en mai 1944 par les déportés détenus au Fort IX de Kaunas.
La cérémonie se poursuivra par une petite collation à la Mairie du xxe arrondissement.
Rappel : L’accès au cimetière du Père-Lachaise, en venant de la place Gambetta s’effectue par l’avenue du Père-Lachaise, puis à gauche en entrant dans le cimetière, suivre l’avenue circulaire vers les monuments commémoratifs d’Auschwitz, jusqu’à notre Stèle.
Le dimanche 26 mai dernier se tenait notre journée annuelle de commémorations à Drancy et Bobigny. En raison du voyage de la mémoire qui s’effectuait la semaine du 15 mai, jour du départ des 878 hommes du convoi pour l’Est, nous avions pris la décision de décaler de quelques jours notre rendez-vous. Un petit changement de date qui n’a pas empêché la bonne tenue de nos cérémonies et leur caractère toujours aussi émouvant, en particulier en ce 80e anniversaire du départ du convoi 73.
L’émotion était présente à plus d’un titre. D’abord parce qu’une quarantaine d’entre nous revenait du voyage dans les pays baltes, encore pleins de souvenirs de cette semaine si particulière.
Ensuite parce que notre cher Henri Zajdenwergier venait de nous quitter depuis quelques jours à peine.
Un Mensch s’en était allé et il nous revenait, dans la symbolique de ce mois de mai qui nous réunit chaque année, de lui rendre un homme digne et mérité. Un hommage à son image. Celle de cet homme profondément bon que nous tâcherons de garder à l’esprit dans les moments où le combat pour la mémoire sera plus difficile.
Nous avons commencé par nous retrouver comme de coutume à la cité de la Muette à Drancy où le président Christophe Kukawka a rapidement pris la parole, rendant un premier hommage à Henri. Les représentants de l’État, Raquel Garrido, alors députée de la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis ainsi que Tom Zemiti, conseiller municipal de Drancy, chargé de la mémoire et des anciens combattants, ont procédé à un dépôt de gerbe après que les plus jeunes présents eurent déposé celle de l’association.
Les hommes qui le souhaitaient ont ensuite pu réciter le traditionnel kaddish en mémoire de nos pères avant une minute de silence. Cette année la cérémonie revêtait des accents internationaux avec des familles venues de Russie, d’Ukraine et même d’Australie, à l’image de Roland Gridinger, revenu à Drancy et Bobigny pour honorer la mémoire de son père, déporté par le convoi 73.
Nous nous sommes ensuite rendus à Bobigny, toujours aussi bien accueillis par la municipalité et la direction du site qui fête ses un an d’ouverture.
Le président Kukawka a introduit le temps des discours, revenant sur le voyage de la mémoire et saluant de nouveau la mémoire d’Henri en revenant sur un certain nombre de souvenirs vécus avec lui.
Vinrent ensuite les prises de parole d’Abdel Sadi, maire de Bobigny et de Raquel Garrido, cette dernière ayant affirmé avec force et conviction son combat contre l’antisémitisme et toute forme de discrimination ainsi que son attachement, maintes fois démontré, à l’histoire du convoi 73 et à notre association.
Pour la deuxième année consécutive, nous avons ensuite entendu le témoignage d’une famille de l’association. Une volonté de la présidence de rendre nos cérémonies toujours plus vivantes et de les inscrire dans la mémoire du temps présent.
Cette année, c’est Jacqueline Beberac, fidèle membre de notre association et participante au récent voyage de la mémoire, qui est venue nous parler de son oncle, Maurice Algazze. De la Havane aux froides forêts de l’Est, l’itinéraire d’un jeune homme de 24 ans à qui la vie aurait dû sourire. Une histoire que Jacqueline a tenu à nous raconter, avec sa fille à ses côtés, une manière de mettre en lumière la transmission qui nous est si chère. Comme de coutume, nous avons terminé avec la lecture des noms, toujours aussi empreinte d’émotions, le dépôt des gerbes, le kaddish et une minute de silence. Voir tous ces descendants venir dire le nom d’un parent. Le dire seul ou en famille. Le dire ensemble. Le dire pour le rendre plus vivant. Le dire pour nous rendre plus forts face à l’oubli et la barbarie. Au moment où les noms s’égrenaient, un train de marchandises est passé. Cela fait quelques années déjà que ce même bruit revient. Comme un rappel de l’histoire. Un clin d’oeil de là-haut ou d’ailleurs. Alors tout s’arrête. Chacun écoute avant que les voix ne reprennent. Ce train qui passe devient presque un hommage.
Nous avons pu ensuite nous retrouver, comme le veut la tradition, pour un repas familial à l’hôtel de ville de Bobginy. Le tout préparé par les soins de notre chère Thérèse Silombra que nous tenons encore à remercier pour sa fidélité.
L’après-midi s’est tenue notre Assemblée Générale annuelle autour d’un certain nombre de sujets qui font la vie de notre association : le debriefing du voyage dans les pays baltes, les enjeux mémoriels en Lituanie et en Estonie (notamment à Patarei), des projets de recherches, de podcast et de films, etc... Ce fut aussi l’occasion d’entendre le rapport moral de la présidence et de voir à quel point l’année 2023-2024 a été riche en événements, rencontres et projets pour notre association. Signe de la vitalité de nos membres, familles et amis, et de l’effet d’anniversaires clés comme celui des 80 ans. Un certain nombre de membres du Conseil d’Administration ont ensuite été réélus ainsi que l’ensemble du bureau que vous aurez la joie de retrouver au cours de cette nouvelle année.
Ces 80 ans ont donc été empreints d’un goût tout particulier, pleins d’une résonance avec l’actualité à laquelle il nous était impossible d’échapper. Ce mois de mai 2024, nous nous en souviendrons à plus d’un titre. Pour ce voyage si fraternel, émouvant et réconfortant. Pour ces liens qui plus que jamais nous unissent. Surtout, pour le souvenir d’Henri qui jamais ne devra nous quitter, lui qui, simplement, a porté la mémoire de nos pères. Jusqu’à son dernier souffle. Henri était parmi nous ce 26 mai. Il était présent, plus qu’en pensées. Et il sera toujours là. Nous en faisons le serment.
Quelques nouvelles informations sur le nombre de survivants du Convoi 73
Nous avons tous en tête qu’ils furent 22 survivants, à revenir de cet horrible convoi, le Convoi 73, le seul dont le lieu de d’extermination ne fut pas l’un des camps de déportation ou d’exécution.
Si nous avons appris ce qui se passait dans les pays baltes, grâce aux témoignages de ces survivants, selon leurs lieux de détention, leurs conditions de vie ne furent pas identiques.
Lors de notre voyage, à la synagogue de Tallin, une exposition reprenait l’histoire du Convoi 73. Avec Françoise Cohen nous avions découvert parmi les survivants, le nom d’Ernest Amson, déporté d’origine Belge, revenu dans son pays, donc non enregistré en France. Son nom figure bien au registre des survivants du United States Holocaust Memorial de Washington. Il est décédé en 1992.
Récemment, lors de différents discours, certains indiquèrent le nombre de 24 survivants. Je me suis rapproché de la source, celle de Serge Klarsfeld, confirmée par le Mémorial de la Shoah à Paris, qui a édité les fiches des survivants du Convoi 73. Deux autres noms apparaissent :
- Jacob Kuperman, déporté par le Convoi 73, de Reval, il sera transféré fin août 1944 au camp de Stutthof. d’où nous pensions qu’il n’était pas revenu. Il sera libéré en avril 1945 et rapatrié en France.
- Charles Zylberberg, il a eu un parcours extraordinaire. Originaire de Pologne, il s’installa en Belgique. puis avec sa femme, ils se réfugièrent à Montpellier. Il sera arrêté le 4 avril 1944 et interné à Drancy. Il partira par le Convoi 73. Il parviendra à s’échapper du train, puis arrêté par les Russes, il s’échappera à nouveau.
Il rentrera par ses propres moyens en Belgique en décembre 1945, puis reviendra vivre à Montpellier.
Il décèdera le 14 juillet 1972 à Liège.
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